Portrait d'Artiste (#2) … Ore
- Margaux
- 9 nov. 2018
- 5 min de lecture
Bonjour mon petit Maurice !
J’espère que tu vas bien.
Aujourd’hui on se retrouve encore avec un Portrait d’Artiste, votre nouveau rendez-vous street art. Cela faisait un petit bout de temps que je regardais les œuvres de cet artiste sur Nantes en me posant de nombreuses questions : qui peut bien être derrière ce serpent ? Pourquoi un serpent ? Que cherche-t-il à nous dire ? J’imaginais un jeune artiste du nom d'Aurélien, lézardant les rues après 22h et plaquant aux murs ces belles œuvres.
Eh bien, tu vas voir et vite remarquer que … je n’ai pas du tout de flaire pour ça ! J’ai tout faux, … enfin presque tout.
Je te laisse avec cet artiste qui m’a étonné et m’a donné envie de chercher encore plus ses œuvres (#MauriceChercheurDeStreetArt)
MarGo Somewhere : “Bonjour Oré, j’espère que vous allez bien ! Pour commencer cet interview, présentez-vous en quelques mots”
Ore : “Bonjour, mon nom d’artiste est Oré, mais dans la vie de tous les jours, on m’appelle plus souvent Fabrice. J’ai 43 ans, et je viens de Normandie. L’art urbain est mon métier et je le pratique depuis 1989.
MarGo Somewhere : “Pourquoi avoir choisi cet art comme moyen d’expression ?”
Ore : “J'ai vu vers 1987-1988 les premiers graffitis dans ma ville normande, proche de Paris. Au même moment, apparaissaient aussi le Rap, la Break Dance, les DJs. Bref, l'arrivée de la culture urbaine Hip-Hop a marqué mon adolescence, comme beaucoup de personnes de ma génération. Le Graffiti est devenu ma passion. Il est présent dans ma vie depuis 30 ans maintenant.
Observateur et acteur de ce mouvement depuis sa naissance en France, j'en perçois les évolutions, les succès, mais aussi les dérives. Mais globalement, je suis heureux de constater la reconnaissance du mouvement général d'Art Urbain, qui inclut des disciplines diverses et différentes (Street Art, du Pochoir au Sticker, en passant par Graffiti, Muralisme, Affichage, etc). Pour ma part, je traverse les disciplines (Graffiti, Muralisme, Affichage, Pochoir, Sticker) en gardant mon origine de tagueur.
Je réalise également depuis 7 ans des œuvres dans la nature, avec des éléments naturels insérés dans le paysage. Dans cet univers Land Art, je garde d'ailleurs l'acte d'écrire mon nom (ce qui demeure l'origine du Graffiti) pour créer.
Je développe enfin des projets mêlant la vidéo à mes peintures. Je travaille l'interaction peinture-vidéo, notamment du Vidéo-Mapping en collaborant avec un vidéaste.”
MGS : “Pourquoi avoir choisi cet emblème, le serpent, pour vous représenter ?”
Ore : “J'ai découvert le « Serpent à plumes », Quetzalcóatl, lors de voyages au Mexique de 1996 à 2009.
C'est un dieu majeur des civilisations précolombiennes (Mayas, Aztèques notamment). Il est présent dans l'architecture et la sculpture de ces civilisations sur plus de 500 ans.
J'en ai fait mon emblème car il évoque mes voyages, mon lien avec cette Amérique latine qui est presque une vieille amie désormais... Je retrouve ainsi le Quetzalcóatl en Amérique centrale lors de mes séjours au Nicaragua en 2016 et 2017.”
MGS : “Quel message souhaitez-vous véhiculer ?”
Ore : “Je n'aime plus trop cette question à vrai dire. Il faudrait écrire des tartines pour bien traiter le sujet, à mon goût.
C'est à la fois si vaste et si simple. En tout cas, sans même penser à une quelconque transmission d'émotion, d'interrogation à un public, je souhaite toujours garder l'âme heureuse d'être devant une surface à créer des lignes, des formes, …”
“La société dans son ensemble [...] nous accorde désormais souvent le statut d'artistes branchés”
MGS : “Quel est votre lien avec l’art dans votre enfance ? Et avec le street art ?”
Ore : “Durant mon enfance, je dessinais comme la plupart des enfants. Le terme Street Art n'est apparu il n'y a que 15 ans environ, lorsque d'autres disciplines ont surgi dans les rues à côté du Graffiti. J'avais plus de 25 ans quand on a commencé à entendre cet anglicisme. On disait Graffiti simplement. ”
MGS : “Que pense votre entourage de votre “activité” ?”
Ore : “La société dans son ensemble (famille, relations amicales et sociales, milieux professionnels, institutions, monde de l'art) qui nous regardait parfois comme des ados attardés, voire des vandales, nous accorde désormais souvent le statut d'artistes branchés.”
MGS : “D’où tirez vous votre inspiration ?”
Ore : “De médiums très divers. La vie de tous les jours, les voyages que je fais, les livres que je lis, les films que je vois, les musiques que j'écoute. Ou encore les nombreuses conneries ou la rare beauté que nous les humains donnons à voir…”
MGS : “Quels sont les street artistes que vous admirez ?”
Ore : “Moi bien-sûr ! Sinon, un peu en dessous de mon Ego, Banksy of course, Invader, Jace, Wild Drawing, Mode 2, Bordalo 2, Whils, et tant d'autres.”
MGS : “Quel est la meilleure et la pire remarque que l’on ai pu vous faire par rapport à votre travail ?”
Ore : “La même fonctionne pour les 2 cas : « C'est sympa ! ».”
MGS : “Quel est l’endroit insolite où vous avez et où vous aimeriez réaliser une de vos œuvres ?”
Ore : “Mes œuvres de Land Art au pied de la montagne de l'Olympe en Grèce, en 2011, puis en 2016. Où j'aimerais... Du Land Art Sur la banquise ou une fresque sur un avion.”
“Peindre la ville de nos mille utopies aux cent couleurs.”
MGS : “Quel avenir pour le street art selon vous?”
Ore : “Divers et varié. Le meilleur côtoyant le pire. En tout cas, notre art urbain est désormais inscrit dans l'histoire de l'art. Et ce, sur quasiment toute la planète.”
MGS : “Attention, une avant dernière question, la plus déterminante : que pensez vous du prénom Maurice ? Que vous inspire t il ?”
Ore : “Eh bien, figurez-vous qu'au Mexique le prénom Fabrice est peu courant. « Mauricio » par contre est très commun. On m'appelait souvent « Mauricio » au lieu de « Fabricio ». Donc, on m'a souvent nommé Maurice !”
MGS : “Le mot de la fin ?”
Ore : “Traveling Painting... Peindre la ville de nos mille utopies aux cent couleurs.”
C’est sur ces mots que Fabrice a décidé de finir cet interview, ceux qui m’ont le plus marqués. Marqués de par la simplicité et leur force simultanée. Rendre la ville plus attrayante, vivante, agréable à vivre avec l’art urbain.
Comme il le dit si bien, les temps changent, les gens changent, et le street art est progressivement (mais lentement) reconnu comme un art à part entière.
Le chemin est encore long crois moi Maurice, mais on a jamais été aussi proche qu’aujourd’hui de ce changement.
Je ne le répèterais jamais assez, l’art est accessible à tous, pas besoin d’être accros aux musées pour développer une sensibilité artistique !
Alors j’espère que tu as hâte d’être au prochain, parce que personnellement je suis au taquet !
Encore un grand merci à Oré pour sa participation et sa disponibilité ! On va suivre ses aventures sur Instagram juste ici. Tu ne seras pas déçue, I promise !
Prend soin de toi et à la semaine prochaine !
Kenavo !
Margaux
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